Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/330

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à son correspondant qu’il parle bien, que son cours est le plus suivi de la Faculté des lettres et que, sous ce rapport, ses preuves sont faites. Telles sont « les considérations » qu’on peut faire valoir au sujet de sa candidature.

Quelle serait son attitude comme député, si d’aventure il était élu ? On le voit dès cette lettre, et il y reviendra plus explicitement dans les lettres suivantes et dans sa circulaire électorale. Pour le moment il lui suffit d’assurer son correspondant que le collège électoral qui le choisira n’aura pas à s’en repentir : « Il n’y a pas de plus honnête homme que moi, et, s’il faut vous avouer ma vanité, je crois avoir une sorte de talent pour la tribune. » Il se dissimule point, d’ailleurs, que ce sont là des titres médiocres en un temps où les députés avaient déjà la fâcheuse habitude de payer de bureaux de tabac, de recettes particulières, de bourses, d’avancements, etc., les suffrages de leurs électeurs. Les services qu’il pourra rendre sont d’autre sorte, et c’est un point sur lequel il convient qu’il s’entende une fois pour toutes avec son correspondant.

« Assurément, lui écrit-il, il n’entre pas dans ma pensée d’acheter des voix par des services, ni dans la vôtre de me proposer un tel marché. Mais il doit être permis de se faire des amis, ou bien on ne serait jamais élu que dans son propre canton. Ce que je ferais sans hésiter sur votre demande, quand vous ne m’auriez jamais parlé d’affaires électorales, pourquoi ne le ferais-je pas avec les intentions que nous avons ? »