Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/332

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maître, dont il était devenu le collègue en Sorbonne, faisant violence à son asthme, grimpa un beau matin jusqu’au « grenier » de Jules Simon pour lui annoncer qu’on ne tiendrait plus compte de ses apostilles et qu’il eût à mettre un terme, dans son intérêt et dans celui de ses protégés, à ce débordement de littérature épistolaire.

Les élections générales eurent lieu au mois d’août.

Contrairement aux prévisions du correspondant de Jules Simon, le général Thiard s’était présenté à Lannion en même temps qu’à Châlons. Il fut élu dans les deux collèges. Mais l’opposition libérale avait été fort éprouvée dans le reste de la France ; plusieurs des anciens députés de gauche avaient perdu leur siège et l’opposition cherchait à boucher ses trous. M. Thiard, tenu de choisir entre les deux collèges qui l’avaient élu, opterait-il pour Lannion ou pour Châons ? C’est ce qu’on ne savait point encore. Jules Simon ne s’était point présenté aux élections générales. À tout hasard il écrit à M. Robert pour tâter le terrain. Quelle est la situation dans le collège ? M. Thiard optant pour Châlons, a-t-il des chances lui, Simon, d’être accepté par le comité lannionnais ? Peut-il compter sur M. Dépasse, membre influent de l’opposition et maire de la ville ? Personnellement, si Thiard se désistait, il n’hésiterait pas à se présenter à sa place et à soutenir sur les lieux sa candidature. Il faudrait pourtant qu’il pût compter sur un minimum de cinquante voix.

Le collège de Lannion était ce qu’on appelait alors un grand collège ; il s’y trouvait près de trois cents