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Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/358

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constaté le fait plus d’une fois. Et il est possible que les choses, à travers ce brouillard, subissent elles-mêmes une déformation singulière : en Écosse, par exemple, le mouvement celtique donne au premier abord l’impression d’un mouvement homogène ; de près, l’impression est tout autre. Il est parfaitement exact que, sur les 72 membres que l’Écosse envoie au Parlement, 40 sont partisans du home-rule ; mais, pour peu qu’on examine la carte politique de la région, on s’aperçoit que la presque unanimité de ces 40 home-rulers appartient aux Lowlands, où domine le type anglo-saxon, tandis que les Highlands, exclusivement celtiques, sont représentés par des unionistes. Comment expliquer cette contradiction ?

La vérité est que les habitudes sociales des Highlanders, leur manque d’initiative, un sol ingrat, l’ « absentéisme » des lairds et l’éviction lente par leurs successeurs anglo-saxons de populations entières de tenanciers, ont faussé pour longtemps le ressort de cette race. Tant que les clans gardèrent leur cohésion, l’unité d’aspirations et de vues se maintint dans les Highlands. Le pacte d’union signé en 1705 n’avait été voté par le dernier parlement écossais qu’à une majorité de 41 voix, et les soulèvements jacobites de 1715 et de 1746 témoignèrent assez de la persistance du sentiment nationaliste. Mais du jour que les chefs de clans désertèrent leurs glens pour tenter la fortune à la cour ou dans les charges de l’État, ce fut fini des Highlands. Les rudes propriétaires anglo-saxons qui prenaient la place des anciens lairds ne se firent aucun scrupule de confisquer les