Aller au contenu

Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/363

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

venima pas du moins ici, comme en Irlande et originairement, d’une antipathie religieuse. Les Gallois furent des premiers à embrasser la réforme. C’est probablement même la seule raison qui induisit Elisabeth, si âprement hostile sur tous les autres points aux revendications galloises, à faire traduire la Bible et le Prayer-Book en gallois ; prise entre son désir d’accélérer la réforme et celui de supprimer les derniers vestiges de la nationalité et des traditions galloises, Elisabeth fit passer la religion avant la politique. Mais les choses allaient se gâter rapidement ; la facilité avec laquelle les Gallois s’étaient

    pas laissé de trace chez les Gallois d’aujourd’hui, pour fervents loyalistes qu’ils soient. M. Zimmer en fournit maintes preuves. J’ajouterai la suivante : dans une conférence récente au Cymmrodorion de Cardiff, conférence à laquelle assistaient les principales notabilités du pays et l’honorable D. T. Phillips, consul des États-Unis, M. Hugh Edwards, directeur du Young Wales, rappelait aux applaudissements de l’assemblée la remarque de sir Osborne Murpan. « que la majorité des Anglais considèrent avec une bienveillante tolérance ou une sentimentale sympathie la nationalité des Écossais et avec une inquiétude croissante ou de vifs remords celle des Irlandais, tandis que celle des Gallois, la plus nettement distincte de toutes, est regardée avec on ne sait quelle dédaigneuse indifférence. » M. Edwards s’attachait à montrer qu’il n’y avait pas là un simple caprice passager, mais une aversion héréditaire, née dans un passé lointain et accumulée par une longue suite de générations disparues. « La politique des Anglais à l’égard des Gallois a été jusqu’au bout, dit-il, une politique féroce, n’ayant pour but que d’abolir l’identité nationale du pays. » Et M. Edwards concluait en disant, aux applaudissements de tous, que c’était cette identité qu’il fallait rétablir.