Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/384

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787 500 et à 66 148. Enfin la carte toute récente dressée par M. Fournier d’Albe n’indique plus que 680 000 Irlandais parlant le gaélique. Qui a raison, de MM. Raveinstein, Fagan ou Fournier d’Albe ? Tous trois peut-être, puisque leurs statistiques portent sur des années différentes. Du moins sont-elles d’accord pour constater que c’est dans les comtés de Cork, de Mayo, de Kerry, de Donegal, de Clara et de Waterford que le gaélique est le plus parlé. Je n’oserais croire malgré tout qu’il y puisse gagner du terrain[1] ; mais ce sera beaucoup s’il y maintient ses positions. Les promoteurs du Congrès panceltique espèrent davantage et je reconnais qu’ils sont mieux placés que nous pour en juger. La présence à leur tête d’un descendant des anciens rois d’Irlande, lord Castletown, de son nom gaélique Mac Giolla Phadruig, prince d’Ossory, leur communique une ardeur extraordinaire. « C’est un vrai Celte que ce descendant des rois d’Ossory, écrit M. Fournier d’Albe. Il tient un haut rang comme soldat et comme homme d’État ; il est adoré des Irlandais pour la défense énergique des droits de son pays ; il parle le gaélique avec ses fermiers. Bref il a tous les caractères d’un Celte. » C’en est assez sans doute pour forcer la conviction des plus sceptiques et les édifier sur la réalité de cet éveil de la race irlandaise, dont la seule pensée transporte M. Fournier d’Albe. Lord Castletown nous était apparu jusqu’ici comme un parfait orangiste, ennemi intraitable du home-rule et l’une des colonnes du landlordisme ir-

  1. En quoi j’avais tort. V. la note précédente.