Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/386

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grande joie, d’un rivage à l’autre, inondera la verte Erin. »


IV


Une autre prophétie dit, il est vrai, que le signal de la rénovation partira du Llydaw, qui est le nom gaélique de la Bretagne armoricaine. Rattachée à la France en 1532, la Bretagne lui est restée fidèle aux pires jours de son histoire et, alors même qu’elle croisait le fer avec la Révolution, on peut dire qu’elle combattait une forme de gouvernement, mais qu’elle ne travaillait pas pour son indépendance personnelle. Jusqu’aux approches de cette Révolution, elle a gardé un semblant d’autonomie administrative. Après la Révolution, c’est fini de son statut et de ses privilèges ; elle rentre dans le droit commun. On lui impose l’artificielle division en départements, qui semble plus propre à rompre les anciennes unités historiques, qui bouleverse les diocèses, mêle les intérêts, les dialectes, coud l’une à l’autre les régions les plus disparates. Le Morbihan et les Côtes-du-Nord, par exemple, fabriqués ainsi de pièces et de morceaux, semblent un vrai défi au bon sens[1]. Les administrateurs sont choisis exclusivement parmi les personnes étrangères à la Bretagne, et cela s’explique pour les hauts

  1. Cf. Pierre Foncin, Inspecteur général de l’Université : les Pays de France, admirable vade-mecum du fédéraliste.