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Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/389

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total et à mon estimation personnelle 1 330 000 Bretons bretonnants, sur lesquels 728 000 s’exprimeraient uniquement en breton. Une langue parlée couramment et dans tous les usages de la vie domestique et publique par une si forte communauté d’hommes ne peut être assimilée raisonnablement à un patois en décomposition. Cette langue a d’ailleurs une littérature à elle, un passé et un avenir. S’il ne reste presque rien, sauf des inscriptions et quelques textes épars, de l’ancien breton, le moyen armoricain est représenté par des chartes, des mystères, le Catholicon de Lagadeuc, etc., etc. Plus près de nous, avec le P. Grégoire de Rostrenen et Dom Le Pelletier, puis avec Le Brigand, La Tour d’Auvergne, Duigon (le père Système de Renan et de Michelet), Le Clec’h, Tanguy le jeune, etc., elle prend pied dans la science. Mais c’est à Le Gonidec qu’était réservé l’incontestable honneur d’inaugurer chez nous les vraies études celtiques. Bientôt paraît le Barzaz Breiz de la Villemarqué, dont la publication soulève un enthousiasme comparable à celui qui accueillit l’Ossian de Macpherson. Le tort de M. de la Villemarqué fut de donner le Barzaz Breiz pour une œuvre authentique, quand il n’était que le produit de sa collaboration intime avec l’âme populaire. Telle quelle, l’œuvre était belle. Elle fut féconde aussi : c’est de sa méditation assidue que sortirent tous ces chanteurs, ces folkloristes, ces savants, Brizeux, Souvestre, Prosper Proux, Le Jean, l’abbé Guillôme, Mgr Le Joubioux, Luzel, Le Men, etc., dont on a dit qu’ils formaient comme un bataillon sacré autour de l’arche des traditions bre-