Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/407

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portait à ses sœurs, depuis l’aînée, qui était sa filleule, jusqu’à la plus jeune, née en 1897, pendant sa campagne sur la frégate-école l’Iphigénie ! Lorsqu’il apprit la nouvelle de la naissance de notre petite Marguerite, il nous écrivit une charmante lettre pour lui souhaiter la bienvenue. Lorsqu’il partit pour cette campagne, dont, hélas ! il ne devait pas revenir, il embrassa bien tendrement la chère petite en disant ces paroles que jamais je n’oublierai et qui malheureusement étaient prophétiques : « Chère petite Marguerite, moi je ne te verrai pas grandir ! »

« Avec quel plaisir ses autres petites sœurs grimpaient sur ses genoux pour entendre les contes et les histoires qu’il savait si bien leur raconter ! Tous les dimanches nous avions l’habitude de réciter le chapelet en commun : je commençais et chacun des enfants disait sa dizaine, à commencer par les plus jeunes à même de le faire, jusqu’à l’aîné, tout aspirant de marine qu’il était. Et ç’a été pour moi une grande consolation d’apprendre par l’aumônier du Bayard, puis par son journal, qu’il avait conservé ces pieux sentiments. Il assistait à la messe tous les dimanches où il pouvait le faire. Si quelque chose pouvait égaler le mérite de ce cher enfant, c’était assurément sa modestie : il n’aurait pas voulu se prévaloir de quoi que ce soit et craignait de paraître meilleur qu’il n’était ou de se faire remarquer. Pour me faire plaisir ainsi qu’à son père et à sa famille, il consentait parfois revêtir son coquet habit d’aspirant, mais c’était un sacrifice pour lui. Il ne méconnaissait pas non plus ses anciens camarades du cours de marine moins chan-