Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/52

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Plougrescant, etc.). Le défilé y gagne en pittoresque ; ces milliers de cierges qui raient les ténèbres, tournent, virent, se croisent et s’enchevêtrent comme de grands serpents lumineux, sont d’un effet inimaginable. On dirait vraiment, suivant la gracieuse expression d’un barde breton, que le ciel d’été est descendu sur la terre.

Les processions nocturnes sont cependant l’exception. Moins nombreuses encore, les processions marines se limitent exactement à deux (Plougrescant et les coureaux de Groix), car on ne saurait ranger sous cette rubrique les délégations paroissiales dont j’ai déjà parlé et qui se rendent par bateau de quelque île ou de quelque point de la côte vers un sanctuaire du littoral[1]. À Plougrescant, le jour du pardon de sainte Ëliboubane, qui avait son ermitage dans l’île de Loaven, tous les bateaux de la paroisse appareillent dans la direction de l’île au chant du gracieux cantique :

Ni ho salud, Stered ar mor…

Sous leur pavoi de fête, ils font cortège à la nef consacrée qui porte à Loaven la statue de saint Gonery, fils de sainte Eliboubane et patron de l’église de Plougrescant : c’est bien le moins que la mère et le fils, séparés le reste du temps par un bras d’eau, se

  1. Errare humanum. Un universitaire de grand mérite, poète délicat et pénétrant, M. Auguste Dupouy, me fait remarquer qu’il existe au moins une troisième procession marine : elle a lieu chaque année au Guilvinec (Finistère), dont l’église est placée sous le vocable de Sainte-Anne.