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LES SAINTS


On ne compte plus les saints d’origine celtique ; ils sont aussi nombreux que les sables de la mer. Tels d’entre eux, mariés et pères de famille, font souche de fils et de filles qui tous deviennent saints comme leur père. Il en est de si vieux dans le tas que leur légende s’est perdue en route ; on ne sait même plus leur sexe, par exemple Brangualabre, Budmaile, Icaguale, etc., cités dans le missel de saint Vougay. Il en est, comme saint Josse, qui sont honorés sous des noms si différents que l’identification devient parfois très délicate : un celtiste de profession reconnaîtrait seul le même saint dans Judoc, Juhel, Huec, Uzec et Widebote. Quelques-uns enfin — et ce n’est pas le moins surprenant de l’affaire — sont de simples mécréants que la voix populaire semble avoir béatifiés contre et malgré l’église : ainsi saint Connec, qui donne son nom à une paroisse des Côtes-du-Nord et qui n’est autre, vraisemblablement[1], que Thomas Connect, prédicateur breton de l’ordre des Carmes, brûlé à Rome par la T. S. Inquisition comme hérétique, relaps et partisan du mariage des prêtres.

Bien entendu, Rome se tait sur ces envahissants personnages qui déborderaient tous les calendriers : les tolère seulement, par prudence et condescen-

  1. À moins que Connec et Thégonnec ne fassent qu’un.