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Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/82

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avait été voué et il était mort dans les neuf mois) le recteur de Trédarzec avait caché la terrible statue dans son grenier. Catherine revint à Hengoat sans avoir pu faire l’adjuration, et c’est alors que les époux G. résolurent de suppléer le saint et de se débarrasser eux-mêmes de leur frère : « Le 2 septembre 1882, dit l’acte d’accusation, deux journaliers qui se rendaient à leur travail aperçurent dans la cour du convenant Guyader un homme pendu, les bras en croix, aux brancards d’une charrette : ils s’approchèrent et reconnurent Philippe Omnès. » L’histoire est d’hier : elle est connue dans les fastes du crime sous le nom d’Affaire du Crucifié d’Hengoat[1].


III


Heureusement que tous les saints bretons ne disposent point d’un pouvoir si étendu ni si redoutable que saint Gwénolé et saint Yves-de-Vérité. Ces deux saints sont des exceptions. Le commun de leurs confrères fait état de « spécialités » plus inoffensives.

Saint Kiriou, par exemple, qu’on honore dans le Léon et à Locquémau, est souverain contre les furoncles : Sant Kiriou, — tad ar goriou, « saint Kiriou, père des furoncles », dit une litanie populaire ; sainte

  1. Voir, pour la psychologie de ce crime mystique, mon livre : le Crucifié de Keraliès.