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Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/84

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grandes sécheresses (on trempe le pied de la croix dans la fontaine au moment de la procession). Qui dira cependant pourquoi la coutume générale des paroissiens de Saint-Nicodème est de venir se faire raser, le jour du pardon de ce saint, sur les bancs de pierre qui bordent sa piscine et dans le bassin de laquelle ils interrogent ensuite le destin ? Mais quelquefois la consultation est plus dangereuse. Il a fallu boucher la fontaine de saint Maudez en la Croix-Helléan pour empêcher les paysans d’y plonger sept fois de suite leurs nouveau-nés complètement nus, hiver comme été, afin d’éprouver leur force de résistance. De même à Kerfot, qui possédait une piscine souterraine à laquelle on accédait par une sorte de canal voûté en ogive où il fallait s’avancer presque à plat ventre et qui traversait l’église dans toute sa longueur. La terre de l’Île Maudez passe pour le meilleur antidote contre les morsures des bêtes venimeuses ; cette même terre, délayée avec de l’eau, du miel ou du sucre, est administrée aux enfants comme vermifuge. Ceux de ces pauvres petits qui « sont en retard pour marcher », on les porte sur le tombeau de sainte Thècle, qui a sa chapelle dans les bois de Coatfrec ; ceux qui sont marqués en naissant du signe de saint Divy (une certaine ligne bleue dessinée entre les sourcils, présage de mort prématurée), on les emboîte, pour détourner le présage, dans une gouttière de rocher où l’on dit que sainte Nonne fit ses couches. Une coutume plus étrange est d’enfoncer des épingles dans la statue de saint Guirek, à Ploumanach : piqué au jeu, sans doute, le facétieux ermite vous marie