Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 1, 1902.djvu/99

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Cette variété que je vous signalais tout à l’heure dans la langue, le costume et la physionomie, se retrouve, au reste, dans les mœurs :

Kant brô, kant illiz,
Kant parrez, kant kiz.


« Cent pays, cent églises, cent paroisses, cent usages », dit un proverbe léonard et le proverbe est littéralement vrai. Il s’en faut bien que les recherches de nos folk-loristes aient épuisé le champ des traditions bretonnes : il y restera toujours à glaner. Je n’ai vu faire mention, par exemple, chez aucun auteur, de la curieuse cérémonie qu’on appelle ar varadek (cassement de lande). « Casser » une lande, c’est retourner : à coups de pioche un sol ingrat, pierreux, résistant, où le soc s’ébrécherait. En ce pays communautaire, de forte et sévère mutualité, appel est fait par la « bannie » aux bonnes volontés des jeunes cultivateurs. Ils accourent au rendez-vous des extrémités de la paroisse. Le travail est dur, non rétribué, sauf par quelques libations d’eau-de-vie. À la prime aube, les hommes sont sur la lande et, devant qu’ait résonné le premier coup de pioche, on les voit qui forment le cercle, les bras des uns noués au col des autres : le propriétaire du champ se place au milieu des travailleurs, fait le « signe du chrétien » et tous en chœur, à voix haute, d’entonner les Commandements de Dieu[1].

    qué, les Bretons de Brizeux, les Derniers Bretons de Souvestre, le Breiz-Izel de Bouet, les Veillées bretonnes de Violeau et de Luzel, les Itinéraires de Pol de Courcy, la Légende de la mort de Le Braz, la Bretagne qui croit, de Tiercelin, etc.

  1. Voilà le principal du varadek. Tout n’y consiste pas cepen-