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DEUX DISCOURS[1]




I


UN ASSIMILÉ : GABRIEL VICAIRE


Mesdames et Messieurs.


Gabriel Vicaire n’est peut-être pas le premier qui ait senti de quelle efficacité serait pour notre poésie le retour à la tradition populaire, « source presque intarissable de rajeunissement ». Gérard de Nerval, avant lui, avait découvert cette Jouvence, mais il avait négligé d’en éprouver les vertus sur lui-même. On en concluait, un peu hâtivement, que l’épreuve était faite et qu’il y avait incompatibilité d’humeur entre l’âme populaire et notre littérature de mandarins.

Les Émaux bressans témoignèrent à quel point on se trompait[2]. Du premier coup, presque sans effort, Vicaire avait résolu ce problème, plus compliqué que

  1. Le premier de ces discours fut prononcé le 23 octobre 1904 devant le monument élevé, dans le jardin du Luxembourg, à Gabriel Vicaire ; le second fut prononcé en 1907 au Banquet du Terroir.
  2. Sur les Émaux bressans, comme sur toute la partie de l’œuvre de Gabriel Vicaire antérieure à son séjour en Bretagne, je me permets de renvoyer le lecteur à l’étude que j’ai publiée dans la Revue Bleue du 18 août 1894.