Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/155

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talon, dit l’éminent professeur au Collège de France, marque la revanche de l’aristocratie gauloise qui, vaincue, dut, pour subsister, subir la honte de revêtir la toge romaine. Cette toge n’est plus portée par personne ; c’est elle qui, aujourd’hui, est la vaincue et le pantalon gaulois qui a triomphé ; c’est vêtus du pantalon gaulois qu’aujourd’hui les Romains montent au Capitole. »

Je m’en voudrais, Mesdames et Messieurs, d’ajouter un commentaire quelconque à ces fortes paroles. M. d’Arbois de Jubainville y révèle la savoureuse ingénuité d’un émule de Sylvestre Bonnard. Mais nous autres, régionalistes, qui plaçons au premier rang de nos préoccupations la sauvegarde des costumes nationaux, nous avons bien le droit de ne pas sourire. Encore ne puis-je m’empêcher de remarquer que le pantalon celtique a mis dix-huit cent ans pour triompher de la toge romaine. Voilà qui doit nous apprendre à ne jamais désespérer des revanches de l’histoire. Buffon, à qui l’on demandait un jour la définition du génie, répondit qu’il n’était qu’une longue patience. C’est peut-être aussi, après tout, la définition qui convient le mieux au régionalisme[1].

  1. On ne me pardonnerait pas de renvoyer à l’Appendice la belle et curieuse lettre qu’à la suite de la lecture de ce discours voulut bien m’adresser le grand poète Frédéric Mistral. Je crois, en effet, qu’on y trouvera matière à quelques réflexions intéressantes :
    Maillane (Provence) 24 mars 1907.

    Mon cher ami, j’ai eu trop de plaisir à lire votre discours au Dîner du Terroir en l’honneur de la sainte