Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/160

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Informes, c’est le mot. Mais les élèves des sœurs furent-elles si coupables ? L’enfance est, de sa nature, iconoclaste. La responsabilité des sœurs elles-mêmes, en l’occurrence, me paraît moins engagée que celle de l’administrateur qui fit déposer au premier endroit venu les tableaux dont il avait la garde[1]. Du portrait de l’amiral Emeriau, il ne reste que le cadre ; de celui de la Tour d’Auvergne, qui m’intéresse surtout et qu’on a fini par dénicher dans le grenier où il est relégué, tout le corps subsiste. Par exemple, le héros est complètement décapité. Et des coups de ciseaux, çà et là, ont lardé l’uniforme, les revers bleus, le ceinturon et sa boucle fleurdelysée. M. Ardouin-Dumazet a grand’raison de s’indigner. Le mal n’a pas l’importance qu’il croit cependant, puisque, je le répète, il ne s’agit là que d’une copie. Elle fut faite par Mme Blanche Yunker[2], femme de l’ingénieur des mines de Poullaouën, sur l’original du portrait qui appartient au colonel du Pontavice et que celui-ci aurait promis de léguer à la ville de Carhaix.

  1. D’après une communication de Mme Marie Roy-Duc au journal Ar Bobl, les portraits avaient été déposés, d’ailleurs, non dans la cour du couvent, mais « dans une salle inhabitée de l’Hôpital ».
  2. Le nom de cette aimable artiste est également attaché à l’église de Poullaouën qui possède d’elle « un tableau réprésentant le Martyre de Sainte-Barbe. La figure de la sainte était, assurait-on, le portrait de sa fille ». (Mme Marie Roy-Duc)