Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/166

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vergne figure au registre des baptêmes de Carhaix, s’ensuit-il absolument qu’il soit né dans cette ville le 25 décembre 1743 ?

La vérité est qu’entre la date de l’inscription et celle de la naissance du héros en herbe (23 décembre), il y a un écart de deux jours. C’est fort troublant — sauf pour les Carhaisiens, race de granit, cerveaux imperturbables : ils auraient la propre déclaration des ascendants de La Tour d’Auvergne qu’ils refuseraient encore de se rendre ! Ainsi les Havrais ne purent jamais consentir que Mme de la Fayette fût née hors de leurs murs. Le débat, en ce qui concerne La Tour d’Auvergne, est, du reste, fort ancien. Sept villes se disputaient l’honneur d’avoir engendré Homère. Un accident semblable est arrivé au premier grenadier de France. Interrogez les habitants de Trémargat (Côtes-du-Nord) : il n’en est point un qui ne vous jurera tous les saints du calendrier que La Tour d’Auvergne a bien pu être baptisé à Carhaix, mais qu’il a sûrement vu le jour sur le territoire de Trémargat, au manoir de Lampoul-Huellaf, propriété de la famille Corret. À l’appui de ces dires, les Trémargatiens invoquent la tradition locale, qui n’est point à dédaigner sans doute, mais qui, en l’espèce, manque un peu de consistance ; car c’est aussi la tradition sur quoi s’appuient les gens de Trébrivan, autre commune des Côtes-du-Nord, pour revendiquer La Tour d’Auvergne.