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YANN NIBOR

(La Chanson des Cols Bleus)




Je ne sais trop à quel endroit du Parnasse l’on pourrait loger Yann Nibor, à moins que sur ce mont sacré ne soit conservée, comme une relique, la nef jadis affrétée, en prévision d’un imminent déluge, par Deucalion et Pyrrha et qui portait dans ses flancs l’avenir du genre humain : l’auteur de Nos matelots, de Gens de mer, de La Chanson des Cols-Bleus serait évidemment tout désigné pour monter le quart à bord de cette coque préhistorique.

Cinquième fils d’un ancien pêcheur « terreneuvas », qui s’était établi menuisier à Saint-Malo[1] et dont les affaires prospérèrent assez pour qu’il pût se rendre acquéreur de la vieille bâtisse pointue, à pignon de verre losange de bois sombre, où il avait son atelier dans une ruelle de la basse ville, Yann Nibor, de son vrai nom Albert-Auguste Robin, s’en allait sur ses treize ans, comme on dit dans la patrie de Duguay-Trouin et de Monsieur Surcouf, quand éclata la guerre de 1870.

  1. Rue du Boyer, près de la porte des Reys. C’est là que notre héros vint au monde le 4 octobre 1857. Entre temps son père avait fait du cabotage à Madagascar et à Bourbon et y avait amassé un petit pécule.