Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/220

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La cathédrale nous replonge en plein saxonisme.

Avec cet art spécial qu’ont les Anglais pour présenter leurs monuments, l’église est encadrée d’arbres immenses qui découpent sur les pelouses du Close de grands disques veloutés. Comme de ce nid de verdure l’église s’enlève harmonieusement ! Et quelle piété dans l’entretien du monument ! Malgré tout, le gothique m’en a paru un peu froid. Il y manque l’épanouissement, la vie fourmillante du nôtre. L’intérieur surtout est glacial. Mais il y a une explication ici : l’église a passé au culte anglican…

Il est dix heures, nous n’aurons pas le temps de déjeuner à la gare. On lunche dans la rue, de pâtisseries et de sandwiches, préalablement arrosées de tasses de lait, et le train repart à destination de Cardiff…

Le ciel s’attriste ; le paysage durcit, se hache. Et voici que sur l’accore d’une falaise crayeuse, près de Westbury, un énorme cheval blanc, taillé à même et comme frappé dans le gazon, galope à notre rencontre. Du train, à plus d’un mille, ce cheval paraît déjà plus grand que nature. De près, ses dimensions sont telles qu’on ne peut l’envelopper d’un coup d’œil.

Mais que veut dire cette équestre apparition ?

Nous l’apprenons plus tard : ledit cheval est un cheval historique ; il a été découpé dans le gazon de la falaise en commémoration de la première victoire que le roi saxon Alfred remporta sur les Gallois, l’an 900. On le rafraîchit chaque année ; l’an prochain on célébrera son millénaire.

À Bath, ville d’eaux fort agréable, décorée de jolis beffrois, notre wagon s’ouvre en coup de vent.