Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/239

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peut-être au fond des cœurs, a dû prendre sur les lèvres la forme atténuée du regret. Le fait est qu’on entend dire un peu partout dans la bourgeoisie « bien pensante » de Cardiff « que c’est vraiment bien dommage, — it’s a pity, — et qu’un si digne gentleman méritait certainement de mieux finir ; mais qu’en fin les voies du Lord Jésus sont impénétrables, qu’il faut laisser faire la justice divine et que c’est elle, sans doute, qui, pour punir le marquis de son apostasie et de son manquement à la parole donnée (il aurait juré au lit de mort de son père de ne pas se faire catholique), l’a frappé dans ses enfants, dont l’un est né sourd-muet et le second boiteux ». Et les bonnes âmes de soupirer ! Comme on ne se satisfait point dans certains milieux que le bienfaiteur de la ville, qui fut aussi son premier magistrat, persiste à donner un si fâcheux exemple d’impiété, on ajoute sous le manteau que le marquis est bourrelé de remords ; qu’il ne s’est fait catholique que pour épouser sa femme, papiste indécrottable ; qu’il n’aspirerait à rien tant qu’à retourner dans le giron de l’église réformée et qu’en attendant, comme on lui a prédit qu’il mourrait à Cardiff-Castle, il ne veut pour rien au monde habiter ce château.

C’est tout un folk-lore, comme on voit, qui est en train de se cristalliser autour du marquis de Bute. Et ce folk-lore porte bien l’empreinte de l’imagination celtique.

J’ai su plus tard, par lady Herbert, qui est une amie de lord Bute et qui s’est convertie comme lui au catholicisme, ce qu’il y avait de fondé dans la légende du marquis. La vérité est que cet excellent homme