Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/286

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Logan sacré et y officiait, selon l’us, « à la face du soleil et sous l’œil de la lumière ».

Le décor avait tout l’archaïsme souhaitable. Imaginez un large entablement granitique, le Cyffredinoc, faisant saillie au flanc de la montagne et dominant l’immense cirque jumelé de la Rhondda et du Taff avec ses hauts fourneaux, ses brumes perpétuelles et l’espèce de rumeur infernale qui monte de ses ateliers souterrains. Feutrez cette étrave granitique d’un gazon maigre et roussâtre que le roc crève de toutes parts. Et enfin sur ce gazon de misère, sur ce tapis de lèpre végétale, dressez en esprit un énorme bloc de schiste, une de ces grandes pierres erratiques qui, en tout pays, sont restées l’objet d’une vénération mystérieuse.

Le respect qu’inspirait celle-ci s’accroissait de la propriété singulière qu’elle avait et qu’elle conserve toujours de remuer au moindre choc. Le fait est qu’un enfant pourrait la mettre en branle d’un coup d’épaule. Des inscriptions en caractères gallois, noms de druides, de bardes ou de simples curieux, parmi lesquels dominent nécessairement les Jones et les Thomas, sont gravées par centaines sur toutes les faces du Logan. La tradition veut que Llevelyn, le dernier roi de Galles, ait tenu sa cour sur cette garenne, au pied même du Logan. Les briqueteries et les aciéries ont pris la place du château féodal : elles ont gâté tout cet admirable pays ; attestant le viol effronté de la Nature, leurs cheminées s’érigent de toutes parts dans la vallée comme de monstrueux emblèmes phalliques. Quelque solennité que le brave Morganwg dût donner