Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/29

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nécropole de Gavrinis, — le Morbihan, que Guy de Maupassant appelait une mer symbolique secouée par les superstitions.

Les forces naturelles, qui se sont plu à modeler de façon si curieuse les îles bretonnes, n’ont pas borné là leur office ; en quelques-unes, comme Groix, que le géologue Barrois comparaît à un écrin, elles ont rassemblé toutes leurs merveilles minérales, le mica, le chloritoïde, l’amphibole, l’épidote, la glaucophane, le rutile, la titane ou fer magnétique. Le sable y est une poussière de gemmes. Si sauvages, raclées par les vents de mer jusqu’à l’os, là où ces îles s’humanisent, dans leur rivage exposé au Midi, une flore enchanteresse s’épanouit : cèdres, figuiers, grenadiers, chènes-lièges, myrtes, lauriers, camélias et fuschias arborescents… Les îles bretonnes ont même leur flore spéciale, riche en espèces rares, comme la veronica elliptica de l’île Ricard, qui ne pousse que dans la baie de Morlaix et sur la Terre de Feu, sinon complètement disparues du reste de l’univers, comme ce narcissus reflexus qu’on ne rencontre qu’aux Glénans et à Groix ; une variété de cerise anglaise porte le nom de Belle de Bréhat. Leur faune est moins originale sans doute. Belle-Isle, Groix, Béniguet conservent quelques couples de pigeons bizet (colomba livia) ; mais les fusils des touristes n’y ont pas respecté le « chouet », cette corneille de roche aux pattes et au bec de corail qui hantait, à Belle-Isle, la grotte de Porthos, surtout la fameuse Groh a Nuer ou grotte des oiseaux. À Rouzic et à Melban, ces mêmes fusils, si l’on n’y prend garde, auront bientôt exterminé les derniers macareux,