ser la nuit dans une maison qui n’était même point sûre en plein jour…
J’ai quelque idée que Mme Smith n’a qu’une confiance modérée dans les histoires de fantômes : cette charmante femme a trop lu nos auteurs, et l’air de Paris, où elle passe la moitié de l’année, est fatal aux revenants. Ils sont chez eux ici, dans ces brumes mélancoliques, sous ce ciel bas et voilé, en deuil de la lumière absente.
Et puis l’exemple vient de haut. Ne dit-on point, en Angleterre, que la reine elle-même a son spectre qui rôde dans les appartements de Windsor ? Et ce spectre, drapé de noir, n’est ni plus ni moins que le fantôme de la grande Elisabeth.
Il y a quelques mois à peine on l’a vu à Windsor. C’est le lieutenant Glynn, de faction dans la bibliothèque, qui l’aperçut, comme le fantôme pénétrait dans la pièce attenante. Or cette pièce n’a plus de sortie ; mais elle en avait une autrefois, du vivant d’Elisabeth, et qui a été condamnée depuis. Le lieutenant, sa première frayeur passée, courut après le fantôme et arriva juste à temps pour le voir s’enfoncer dans la boiserie. Le fait, d’ailleurs, se reproduisit à diverses reprises. Des gémissements et des plaintes furent perçus par plusieurs témoins et la frayeur fut si grande à Windsor qu’on dut doubler la garde de nuit.
Windsor a sa dame noire, Cold-Brook sa dame blanche, et lady Herbert, comme la plupart des Gallois, croit à l’une et à l’autre.
— Vous souriez, nous dit lady Herbert, quand nous la rejoignons dans le hall du rez-de-chaussée. Je vous