Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/321

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

teux, chaises dépaillées, tapis effilochés. Voilà bien mes Gallois. Une des vitres de la fenêtre est brisée, et on a bouché le trou avec un tampon de paille ; mais il y a des rideaux liberty sur les autres. Toujours la misère qui veut faire figure et qui se drape dans ses oripeaux !

Dans la pièce de gauche, près du poêle, les poings au menton, un homme rumine, en complet brun à carreaux, ce complet qui est le vêtement des campagnards comme des bourgeois et qui « uniformise » ici toutes les conditions sociales.

Dijdd da (bonjour), dis-je en entrant.

Dydd da répond machinalement Thomme sans se déranger.

Il dort peut-être, et toute la maison dort aussi, je crois, à l’exception d’une petite fille troussée en demoiselle, coiffée d’un lamentable toquet à plumes, que ma présence semble plonger dans une agitation extraordinaire et qui, flanquée de quelques autres recrues de son âge, trottera tout à l’heure après notre break pour demander des pence.

Enhardi par l’immobilité de mon hôte, je pousse jusqu’au premier étage.

Deux pièces comme en bas.

Dans l’une, rien qu’un lit de sangle et un vase de nuit ; il est cinq heures du soir : le vase n’est pas vidé et le lit est défait.

Dans l’autre, même désordre, même saleté, aggravés par la présence d’un grand fainéant vautré sur le lit et à qui à mon entrée dans la chambre n’arrache qu’un grognement inarticulé…