Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/328

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pied levé un délicat compliment breton du barde Jaffrennou, que Mlle Abadam, qui avait bien voulu se faire notre complice pour la circonstance, s’engageait à apprendre et à chanter le lendemain.

Ce lendemain était justement un dimanche. La cloche du château nous éveilla pour la messe de huit heures qui fut dite selon le rite romain, dans la chapelle privée de lady Herbert, par un dominicain de passage. Deux ou trois mécréants s’étaient attardés au lit : nous les retrouvâmes devant leur chocolat. Le parc nous ouvrait ses enchantements ; des fumées bleuâtres traînaient sur le gazon. Comme écoliers en maraude, les invités se débandèrent. Tandis que certains poussaient jusqu’au village de Pen-y Parc, où ils voulaient saluer le barde-menuisier Owen Lewis, dit Madoc Môn, les autres s’en allaient pèleriner autour des sept fontaines miraculeuses de Saint-Gower. Quelques uns enfin, plus sensibles aux beautés intérieures du château, ralliaient Llanover pour s’y caresser une dernière fois les yeux aux émaux du salon et aux palimpsestes kymriques de la bibliothèque.

J’étais tombé personnellement, sur un livre déjà ancien de M. Wirt Siks relatif aux contes et légendes du pays de Galles et dont les illustrations étaient signées T. H. Thomas, le barde héraut du Gorsedd, qui nous avait suivis à Llanover. Vraie source de Jouvence, la Tradition découvre à qui remonte jusqu’à elle et pénètre sous le limpide cristal de sa face des trésors d’innocence et de fraîcheur ; par elle nous est un peu rendu de la jeunesse du monde. Faut-il voir dans ces contes et légendes, avec Max Muller et Gubernatis, des mythes