Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/344

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dans le gothique français du treizième siècle ; aucun élan vers le divin. L’église actuelle, consacrée au culte anglican, a été rebâtie sur l’emplacement de l’ancienne ; de celle-ci, il ne subsiste que les fondations, une arcature romane et deux mascarons encastrés au-dessus du portail. L’un de ces mascarons représente, paraît-il, saint Cadoc, le grand cénobite gallois sous l’invocation duquel était placée l’ancienne église et dont le culte est également très répandu dans les îles du Morbihan, où Cadoc vint se fixer avec ses disciples, quand l’invasion saxonne l’eut chassé de son ermitage d’Echmi.

Pour le dire tout de suite, ce patronage de Cadoc sur l’église de Caerléon m’étonnait un peu. À quelle époque la faveur populaire substitua-t-elle Cadoc à saint Alban ? On n’a pu me l’indiquer. Mais cette pauvre cité de Caerléon traversa des fortunes si diverses qu’il n’est pas surprenant qu’elle ait perdu jusqu’à la mémoire de son premier protecteur.

Nulle ville pourtant, dans les annales de la confession britannique, n’a joué un rôle si décisif. C’est à Caerléon que prit naissance, grandit et se déploya, dans toute sa violence la dixième et dernière persécution de Dioclétien. L’évêque de Caerléon avait nom Amphibalus[1]. Traqué par les officiers de Dioclétien,

  1. V. sur ce nom l’étude publiée par M. le Vte C. de Calan dans la Revue de Bretagne et de Vendée de Nov. 1905 : Les Romans de la Table-Ronde. M. de Calan, non sans quelque vraisemblance, croit que Gaufroy de Monmouth, chez qui on le rencontre d’abord (1138), a pris le nom latin de l’étole pour un nom d’homme. Le fait serait fréquent chez Gaufroy.