Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/346

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’invocation de saint Amphibalus ; la cathédrale de Caerléon fut consacré à saint Alban. Julian et Aaron eurent également leurs églises dans la ville, celle de saint Aaron desservie par un collège de chanoines, celle de saint Julian par un chapitre de nonnes, dans le couvent desquelles la coupable épouse d’Artur vint s’ensevelir après sa faute[1].

Il n’y a plus trace aujourd’hui d’aucun de ces monuments, et l’on tient d’ailleurs pour probable qu’ils disparurent de bonne heure. Jusqu’au temps d’Artur, Caerléon était demeuré le siège officiel et incontesté de la primatie britannique, et c’est à ce titre que le vénérable Dubric, archevêque-primat de Galles, y avait consacré le mariage du roi avec la blonde Genièvre, fille de Léodogran. Cent cinquante chevaliers, vêtus de blanc et tous affiliés à l’ordre de la Table-Ronde, assistaient au mariage. La scène, telle que la décrit Tennyson, est d’une majesté incomparable :

« Au loin brillaient les champs de mai… L’encens flottait ; les hymnes roulaient sous les voûtes avec un bruit de grandes eaux, cependant que, devant l’autel du Christ, les deux époux se juraient un éternel amour.

— « Voici ta destinée et la mienne, disait Artur. Advienne que pourra ! Je t’aime jusqu’à la mort. »

« Et, baissant les yeux, la reine disait :

— « Mon seigneur et roi, je t’aime jusqu’à la mort. »

« Et saint Dubric étendit les mains :

— « Régnez et prospérez et aimez, dit-il, et rendez

  1. Tennyson place la scène à Almesbury.