Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/61

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son nom : Plou-Idunet (peuplade d’Idunet et, par contraction, Pluzunet, Plunet) : chaque année, au jour anniversaire de sa fête, la paroisse se porte vers la chapelle du saint, visite son lit, roche brute en forme de conque à demi-enclose dans un talus au pied d’une croix, s’abreuve de l’eau de ses trois sources mystiquement disposées à la file dans un bassin longitudinal [1]. Non sans fierté — car son patriotisme local est très vif, — Marguerite me fit les honneurs de la piscine sacrée, du lit et de la chapelle ; elle me chanta le cantique du saint, me vanta la puissance de son arouez[2].

— J’en ai éprouvé moi-même les bienfaits, me dit-elle, Idunet, pour le soulagement des rhumatismes, n’a pas son pareil au Paradis… Mais nous voici rendus, Monsieur : entrez donc, je vous prie.

De son bras valide elle m’indiquait, à quelques pas de la chapelle, un pauvre wigwam de pierre sèche et de tourbe planté de biais sur le bord du chemin et qui clignait son œil unique vers les pommiers d’un étroit courtil. Leur neige rose au printemps, leurs fruits d’or et de pourpre en automne, égayent un peu cette misère. La porte n’était pas fermée ; une ficelle qu’on tirait du dehors soulevait le loquet intérieur. J’entrai, suivi de Marguerite et de son mari : sur un rudiment de cloison des images étaient collées, primes de grands

  1. À la vérité la première seule est sous l’invocation d’Idunet ; les suivantes sous l’invocation de sainte Tuval et de sainte Mine.
  2. Vertu particulière à chaque saint. V. sur ce mot l’Âme bretonne, première série, chap. : Au cœur de la Race.