té qui se lisent aux yeux vifs, au parler net des Léonards », autant de traits heureux, bien observés et qui se gravent fortement dans l’esprit.
Peut-être seulement aurais-je voulu que M. Geffroy distinguât entre les Léonards. Ce qu’il en dit s’applique exactement et mot pour mot à cette aristocratie paysanne des « Julots » de Pleyber-Christ, de Saint-Pol et de Saint-Thégonnec, dont les riches « convenants » et les gras herbages sont l’orgueil du Finistère ; cela n’est plus aussi vrai des maigres et tristes Léonards de Lesneven, de Plouguerneau, de Lannilis et de Kerlouan. Nous sommes ici en plein « pays noir ». Et ce n’est pas le costume des habitants qui lui a valu ce surnom ; les « Julots » portent aussi le chupen, le gilet et le pantalon de drap sombre. C’est le caractère, c’est l’âme de ces hommes qui sont vêtus d’un deuil éternel.
Pourquoi ? Comment ? La tradition fait remonter à un vieil ermite du VIe siècle, saint Goulven, le changement qui s’est opéré dans le moral des Léonards du Kéménet Ili.
« Jadis cette race aimait la danse avec une sorte de fureur, dit Miorcec de Kerdanet ; jeunes et vieux, sains et malades, tous voulaient bondir. Mais Goulven, avec son éloquence douce, persuasive, trouva bientôt le secret de tout changer ; il convertit les chansons profanes en cantiques pieux de sa composition ou bien de celle de ses vicaires. Le diocèse devint un pays de foi, de dévotion, de bon exemple… » Le fait est qu’aujourd’hui encore, dans cette partie du Léon, la danse est proscrite de toutes les fêtes