Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 2, 1908.djvu/84

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Saints (près Plouaret, Côtes-du-Nord) — l’unique église de ma connaissance qui soit bâtie sur un dolmen encore existant et supportant l’un des bras du transept — et au calvaire de Pontchâteau (Loire-Inférieure), monument assez improprement baptisé, car il ne s’y agit point, comme dans les autres calvaires, d’une synthèse architecturale, mais bien d’une reconstitution topographique des principales scènes de la vie de Jésus[1]. Ce calvaire colossal est à 4 kilomètres de la petite ville qui lui a donné son nom. Imaginez un tertre artificiel de 20 mètres de haut et de 600 mètres de circonférence d’où l’œil embrasse un des plus vastes horizons qui soient. Et quel horizon ! Trente-deux paroisses y dansent à l’aise autour de leurs trente-deux clochers. La mer scintille au loin. À droite la fiévreuse Guérande, enlisée dans ses marécages, lève mélancoliquement sur l’eau morte les pierres grises de ses tours ; Saint-Gildas hérisse sur la gauche son échine de basaltes ; entre les collines ondulées du pays de Retz et le sillon de Bretagne, la Loire se traîne paresseusement ou rebrousse ses flots verts à l’approche du flux qui la couvre deux fois par jour. Berné, Campbon, Missillac, plaines tourbeuses, de culture moyenne, font la transition avec les âpres landes morbihannaises qu’on voit moutonner au dernier plan de l’horizon. Perpétuellement, sur ce sol humide, des brumes flottent à ras de terre, se déchirent, renouent leurs écharpes. Vaine fantasmagorie : pour le pèlerin en

  1. Cf. L’Âme bretonne, 1re série. Chap. : Les Grands calvaires de Bretagne.