leçons, faire ses devoirs, c’était bon pour les simples nigauds comme nous : Bobinet lisait sa leçon sur les manchettes de papier qu’il s’était passées au poignet et, pour ses devoirs, il en chargeait quelque camarade ; tout au plus s’il se donnait la peine de les recopier. Encore arrivait-il, çà et là, que l’explication d’un texte le prît au dépourvu.
— Bobinet, tu as la parole. Ode XVIII, livre II. Non ebur neque aureum. Vas-y, mon garçon.
— Après vous, Monsieur !
— Hein ! Je te dis de commencer l’explication.
— Non, Monsieur, je sais ce que je vous dois et je n’en ferai rien.
— Comment, bandit, tu n’en feras rien !
— Après vous, Monsieur, encore une fois. Ne nous avez-vous pas dit que l’élève devait céder le pas au maître ?
Prosper, accablé par la logique du raisonnement, demeurait quelques moments interloqué. C’est tout ce que souhaitait Bobinet à qui, dans l’intervalle, un camarade avait soufflé par derrière l’explication demandée. Quand Prosper reprenait ses esprits, Bobinet courait déjà la poste à moitié route de l’ode XVIII.
— Eh ! pas si vite, gredin ! Tout à l’heure tu restais bouche close et maintenant… Le diable t’emporte et je n’entends point me tourner les sangs pour ton plaisir. Continue l’explication, Soilet, en reprenant au vers : Non trabes Hymettiœ…