Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 3, 1910.djvu/411

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d’adultère. Aussi elle et ses amis mirent-ils tout en œuvre pour la détruire. Les deux valets, La Chapelle et La Burthe, se chargèrent d’endoctriner les témoins. « Pour cela, on caresse les uns, on leur promet une meilleure fortune, si au recollement ils veulent se rétracter ; aux autres, on ne parle que de coups de bâton, de les tuer… « Prévenu de ces tentatives, Joseph adressa une seconde requête, le 2 mars 1682, au lieutenant-criminel et demanda permission d’informer de la subornation des témoins par la Laubardemont et ses valets. L’information complémentaire eut lieu le lendemain ; quatre témoins y déposèrent. Sachant que les officiers du grand-maître de l’Arsenal avaient reçu l’ordre de ne point déposer, le marquis pria la duchesse du Lude de lui faire obtenir la permission de les assigner. Refus de la duchesse. En outre, grâce à ses intrigues, la Laubardemont réussit à circonvenir le lieutenant-criminel. Le jour où elle devait être interrogée par ce magistrat, elle se rendit chez lui « avec une compagnie de syrènes auxquelles Ulysse lui-même n’auroit pas résisté ». Que pouvait faire un simple lieutenant-criminel qui s’appelait de surcroît Dessita ? Il dépêcha au suppliant le sieur curé de Saint-Cosme pour l’engager à se désister, le menaçant au cas contraire de se déclarer contre lui et de ne négliger rien pour le perdre. Et il tint parole. Comme Joseph ne voulait rien entendre, il se tourna vers les deux principaux témoins à charge, Horné et Le Maire, les fit enlever « par force et violence » et les obligea à se dédire ; puis leur fit faire leur procès pour faux témoignage et y enveloppa le malheureux marquis. « Par un renversement des choses humaines, d’accusateur il devient accusé », et le Châtelet rend contre lui, le 13e jour de may 1682, une rigoureuse sentence le déclarant « convaincu d’avoir suborné et fait suborner les nommez Horné et Le Maire et les avoir obligez à le soutenir lors du recollement et confrontation, pour réparation de quoy