À MAURICE BARRÈS
Je voulais vous dédier ce livre, Barrès, le quatrième d’une série ouverte il y a tantôt vingt-cinq ans — et probablement le dernier : ce sont vos mânes qui le recevront. Qu’ils lui soient indulgents !
J’envie Henry Bordeaux, André Hallays, François Le Grix, peloton choisi qui vous fit une suprême garde d’honneur jusqu’au cimetière de Charmes… Pour oser me joindre à ces privilégiés, il aurait fallu qu’on m’en priât et je n’avais que votre invitation lointaine, bien que plusieurs fois renouvelée, à venir goûter quelque jour auprès de vous la douceur de l’automne lorrain.
Répondrai-je encore à cette invitation ? Peut-être. Mais je prendrai garde que ce ne soit pas le jour où des délégations officielles se rendront vers vous ; je viendrai seul avec un petit rameau d’or coupé dans la lande bretonne et qui renouvellera peut-être le miracle de ce rameau de Circé, par qui le subtil Ulysse se put évoquer les mânes du devin Tirésias et s’entretenir familièrement avec eux. Ombre légère, vous m’apparaîtrez, non plus tel que je vous vis à l’une de nos dernières rencontres, devant la librairie Crès, sur le bord du trottoir, tendant au bout d’un long cou maigre un profil étonnamment busqué