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LAPRADE ET BRIZEUX

(D’APRÈS UNE CORRESPONDANCE INÉDITE).




Un jeune écrivain, M. Jean-Pierre Barbier, qui prépare un travail sur les relations de Victor de Laprade et de Brizeux[1], a bien voulu me communiquer la correspondance — malheureusement fragmentaire et très peu nourrie du côté de Brizeux, — échangée entre les deux poètes de 1851 à 1856.

Cette correspondance, demeurée inédite jusqu’ici, est fort piquante par endroits, émouvante souvent, un peu sombre vers la fin et pourrait prêter à un curieux chapitre d’histoire littéraire. Il est regrettable que M. Dorchain n’en ait point eu communication au moment où il publiait son excellente édition des Œuvres de Brizeux : elle l’eût aidé à préciser certains traits de la physionomie morale du Virgile breton, comme l’appelait son émule et sœur en tristesse, Marceline Desbordes-Valmore.

En 1850, revenant d’Italie, Brizeux s’arrêta quelques jours à Lyon près de Victor de Laprade. Je crois bien que les deux poètes ne se connaissaient pas avant cette visite. Ils s’étaient écrits sans doute ; ils avaient échangé leurs vers ; ils se sentaient une certaine parenté d’âme. Les Lyonnais sont presque aussi mystiques que les Bretons, mais ces grands

  1. L’étude n’a pas paru. La guerre éclatait peu après la publication de cet article et Jean-Pierre Barbier fut tué.