Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/173

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Les murs anonymes ne sont que des murs : ils s’animent, ils s’éclairent dès que l’histoire ou la poésie les touche. Comme ces nues qui s’empourprent après que le soleil est descendu sur l’horizon, ils gardent sur eux l’ardent reflet du passé. Nos yeux les interrogent avidement ; nos oreilles leur prêtent un langage. Ce ne sont plus des pierres mortes : ce sont des témoins qui survivent aux acteurs évanouis…

Ici pourtant une déception nous guette : le manoir du Val, habité par un descendant de La Morvonnais, M. de la Blanchardière, et composé d’un corps principal, d’une aile avec voûte servant de passage dans l’arrière-cour et d’un pavillon à toiture triangulaire, est un monument assez banal de la fin du XVIIIe siècle. Sis dans la commune de Saint-Potan (Côtes-du-Nord), le château primitif, dont il subsiste quelques vestiges, s’élevait à une centaine de mètres de la construction actuelle et portait le nom de Vau-Balucon ou Balisson, emprunté à la famille qui l’avait fait bâtir et qui est une des plus anciennes de Bretagne.

Par parenthèse, c’est un des membres de cette famille, Geoffroy du Plessis-Balisson, protonotaire apostolique, qui, à Paris, en 1322, fonda le collège du Plessis, presque en même temps qu’un autre Breton, Guillaume de Coetmoan, y fondait le collège de Tréguier : la Sorbonne devait s’annexer l’un ; François Ier devait faire du second le Collège de France.

On ne sait trop comment le domaine passa aux Gouyon et si ce fut par mariage ou par acquêt. Amaury de Gouyon, puis son fils Charles entreprirent de rebâtir le château et substituèrent à la revêche construction féodale un manoir plus conforme au goût raffiné de leur époque (1582). Henri de