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ROSMAPHAMON[1]


« Rosmapamon, cet assemblage de syllabes qui a quelque chose d’un peu féerique… »
(Maurice Donnay.)


Rosmaphamon, la chère et glorieuse maison d’été qui abrita la vieillesse de Renan et dont sa famille était restée locataire, et, avec Rosmaphamon, le pavillon voisin, la ferme, le « salon des Écureuils », le magnifique bois de châtaigniers, la blanche hêtraie aux troncs droits et lisses comme des fûts de colonnes doriques, tout ce ravissant domaine, dédié aux muses de l’Hellade par un nourrisson des fées bretonnes, va être morcelé, dispersé au vent des vaca-

  1. Ou, plus couramment, Rosmapamon, de trois mots celtiques signifiant « colline du fils Hamon ». Les brèves impressions qu’on va lire remontent à l’automne de 1921. Elles complètent et rectifient sur certains points le récit d’une autre visite faite à Renan de son vivant même et parue dans la Collection des Amis d’Édouard. Le supplément du Figaro, où elles furent l’reproduites à l’occasion du Centenaire, contenait en outre ce passage :

    « Puis-je, en tant que Breton, me permettre d’ajouter combien il eût été souhaitable qu’on profitât de la commémoration qui approche pour encastrer dans le piédestal du monument élevé à Tréguier en l’honneur de Renan les médaillons d’Ernest et de Michel Psichari ? La volonté d’apaisement qui hante à cette heure tous les cœurs droits eût ainsi reçu satisfaction ; le monument, érigé au temps du combisme, en pleine bataille anticléricale, aurait perdu son caractère agressif, et la présence de ces deux héros chrétiens y eût agi à la manière d’un respectueux, mais décisif et nécessaire exorcisme. »

    Ma suggestion, provisoirement écartée, sera peut-être entendue un jour.