Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/215

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il se jeta sur son banc de quart, en se concertant avec son pilote, M. Trémintin, sur les mesures à prendre en cas d’attaque nocturne. Bisson fit promettre à son second que, si les Grecs parvenaient à s’emparer du bâtiment et qu’il lui survécût, il ferait sauter la prise plutôt que l’abandonner aux pirates. À dix heures du soir, malgré l’obscurité d’un temps lourd et bas, la vigie signala deux embarcations, deux mistiks, chargées chacune de soixante à soixante-dix hommes, qui, à mesure qu’ils approchaient du brig, poussaient des cris de vengeance. Aussitôt chacun fut à son poste de combat ; Bisson monta sur le beaupré pour mieux observer la manœuvre des deux embarcations et, quand elles furent à petite distance, donna l’ordre à sa mousqueterie de faire feu, déchargeant lui-même son fusil à deux coups sur l’embarcation la plus rapprochée ».

Les pirates ripostèrent par une vigoureuse fusillade, puis se lancèrent à l’abordage. Que pouvaient les dix-sept hommes du Panayoti contre cette ruée de forbans ? « Plusieurs des marins français qui s’étaient présentés à l’avant pour préparer la défense furent tués », dit l’amiral Halgan. Bisson lui-même, blessé et tenu pour mort, ne dut qu’à cette circonstance et aux instincts de pillage des forbans de pouvoir se glisser vers la soute avec une mèche allumée. « Avertissez ce qui reste de nos braves ( ils étaient quatre : Hervé, Le Guillou, Carsoule et Bouyson) de se jeter à la mer », dit-il à Trémintin. Puis, serrant la main de son second : « Adieu, pilote, je vais tout finir. C’est le moment de nous venger. » Quelques secondes après, une effroyable explosion réduisait en miettes le Panayoti et les deux mistiks. Trémintin, qui n’avait pas voulu se jeter par dessus bord, sautait avec son chef, mais, par miracle, il en