Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/240

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cortège et dont un historien peu suspect, M. Arthur Chuquet, de l’Institut, a dit qu’« ils avaient l’air de saltimbanques » et que « quelques-uns étaient des drôles et des coupeurs de bourses ». Et il est certain aussi, d’autre part, que, dès le début de l’engagement d’Aspromonte, Garibaldi tomba frappé de deux balles, l’une à la cuisse gauche, l’autre dans la cheville du pied droit, que cette dernière balle le fit particulièrement souffrir et qu’une légende — qui est peut-être de l’histoire — veut qu’elle n’ait pu être extraite que sur les indications de Nélaton.

Pour croire à la mort de Garibaldi et accepter en même temps l’hypothèse de sa réincarnation, il faudrait admettre que le gouvernement de Victor-Emmanuel se fût entendu avec son fils Menotti et ses lieutenants Nuto et Corte, — et voilà qui n’est plus du tout vraisemblable.

Après sa soumission, le chef des Chemises-Rouges, transporté sur un brancard à la caserne de la Marchesina, où il passa la nuit, fut embarqué le lendemain sur la Duca di Genova, à destination du fort de Varignano. Il y demeura plusieurs mois. S’il était vrai qu’il y fût mort et qu’on lui eût substitué le Livournais Sgaranelli, ce n’aurait donc pu être à l’insu et sans la complicité du gouvernement italien. Or, celui-ci commençait à trouver bien gênant Garibaldi. Loin qu’il eût intérêt à le ressusciter, il n’eût point été fâché, je crois, d’être débarrassé à tout jamais de ce brouillon.

Telles sont, entre beaucoup d’autres, quelques-unes des raisons qui m’empêchent, aujourd’hui encore, d’adopter les conclusions de M. Le Gonidec de Traissan. Je les exposai dans un article déjà ancien. J’espérais entraîner ainsi l’excellent homme dans