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LA LÉGENDE DE Mgr DUCHESNE.



Personne ne prêta plus à la légende que ce démolisseur de légendes. Il n’y a pas de fumée sans feu, dit-on. D’accord, mais à condition que d’une allumette qui flambe on ne fasse pas un feu de la Saint-Jean et d’un prélat homme d’esprit un prélat voltairien — ou pire.

En fait, le mot le plus exact qui ait été dit sur Mgr Duchesne l’a été par Etienne Lamy qui le félicitait, dans son discours de réception, d’être « le moins crédule des croyants ».

Le moins crédule, soit ! Mais « croyant » enfin, et c’est l’essentiel, croyant au point de s’être institué en public, certain jour, l’apologiste de la tradition.

C’est aux élèves du Collège Stanislas qu’il fit cette surprise :

« Mes enfants, leur dit-il — ou à peu près — vous êtes ici dans une maison de tradition, tradition religieuse, tradition patriotique, tradition littéraire. Profitez-en. Imprégnez-vous d’esprit traditionnel. Faites-en d’abondantes provisions ; vous aurez assez d’occasions de les dépenser. Nous autres Français, nous avons l’instinct anti-traditionnel ; nous avons toujours peur que la tradition ne nous trompe ; nous nous défions d’elle ; nous avons une tendance innée à nous estimer d’autant plus que nous nous en sentons plus complètement détachés. Cela va jusqu’à la puérilité. J’ai vu le