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Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/271

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Chapdelaine. Le Canada a enfin le livre après lequel il soupirait, l’épopée domestique qui l’exprime tout entier. La plupart des personnages, sans rien perdre de leur vigoureuse individualité, y ont une valeur de symbole : comme Maria est la personnification du Canada, ses amoureux personnifient les trois tendances qui se disputent l’âme canadienne. Et c’est ce livre qui a révélé une race à elle-même, ce chef-d’œuvre d’un de ses fils, que la France ne connaît pas ou qu’elle connaît à peine ! L’aurais-je connu moi-même sans le hasard d’une conversation avec mon ami René Grivart, globe-trotter émérite, à qui le roman avait été envoyé par un correspondant canadien et qui voulut bien s’en dessaisir en ma faveur ? Qu’il en soit ici remercié ! Et que soit loué aussi M. Daniel Halévy, malgré la petite dent que je lui garde pour m’avoir coupé l’herbe sous le pied, de vouloir réparer une des plus criantes injustices littéraires de ce temps en accordant les honneurs du premier numéro de ses Cahiers au chef-d’œuvre de Louis Hémon, — écrivain de génie mort à trente-trois ans et célèbre dans le monde entier, sauf dans son pays.