Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/297

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et de vigueur intellectuelle. Comptez les hommes illustres en tous les domaines qui ne peuvent pas se réclamer de la terre, c’est-à-dire de leur village ou de celui de leur père et de leurs aïeux ! Leur nombre est infime. Chez presque tous, il y a un ancêtre paysan. Droiture, bon sens, équilibre des facultés équivalent chez les meilleurs à un certificat d’origine : ils leur viennent du village ancestral, comme en viennent le blé, le vin, les fruits. Rien ne pousse sur le pavé, — que la chlorose et le vice.

Honorons donc le Village, comme nous y invite Anselme Changeur. C’est pour l’avoir trop méprisé, ridiculisé, chansonné, pour avoir trop prôné les avantages et la prétendue supériorité de la ville — de la ville qui consomme et ne produit pas — que nous avons déterminé ce mouvement général d’exode, cette désertion progressive des campagnes, une des causes de l’affaiblissement de notre natalité et, qui sait ? peut-être de notre moralité publique.



Et, précisément, voici qu’à l’autre bout de la France, du délicieux bourg arcadien de Fouesnant, une voix fraternelle répond à Changeur, fait écho à sa louange du Village. Le nom de Jos Parker n’est peut-être pas venu jusqu’à vous ? C’est que Parker est un sage, qu’il vit à l’écart des cités, entre sa pipe et son chien, dans un petit manoir breton presque aussi bas que les pommiers qui l’ombragent et que, s’il chante, s’il écrit, c’est pour lui et pour la douzaine de braves gens qui lui composent son auditoire.

Il ne prend même pas la peine de faire éditer ses livres à Paris ; son dernier recueil — prose et vers —