mières années d’étudiant, disait : « Encore que Rennes ne soit pas précisément une ville enchanteresse… » Mais Marbode, qui fut évêque de Rennes et qui cultivait le vers « catapultin », a-t-il parlé en termes plus flatteurs de sa bonne ville épiscopale ?
Urbs Redonis, spoliata bonis, viduata colonis,
Plena solis, odiosa polis, sine lumine solis…
Et Paul Féval — un Rennais encore — se montrait-il plus tendre quand il parlait des puces de sa ville natale, « renommées depuis Jules César pour leur grosseur », et qu’il ajoutait : « À Rennes, presque toutes les maisons ont à l’intérieur des galeries régnantes qui ne rappellent en rien celles de Florence. Ce sont de longs appendices branlants comme des échafaudages et soutenus par de simples soliveaux tout naïvement piqués dans les murs » ?
Voilà une belle description ! Il est incontestable que Rennes manque de gaieté, que la Vilaine, bloquée entre deux hautes parois de pierre, y fait l’effet d’un fossé bourbeux, que l’architecture de certains faubourgs laisse grandement à désirer ; mais sur la rive droite du fleuve, dans le quartier large et aéré, où voisinent l’Hôtel de Ville, la Préfecture, le Palais de Justice, le Théâtre, l’Hôtel-Dieu, la Cathédrale, etc., l’impression est très différente. Ce sont bien là ces « belles grandes rues monumentales » dont a parlé Taine et où il regrettait cependant qu’il n’y eût rien pour le goût. Il eût fallu dire pour un certain goût, car le Palais de Justice tout au moins, qui est l’ancien palais du Parlement de Bretagne et qui fut bâti de 1618 à 1694 sur les plans de Debrosse et décoré intérieurement par Coypel, Erhard et Jouvenet, possède toute la majesté qui sied aux monuments de cette sorte. Et enfin Rennes a