Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/339

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d’hui percé : le Men-er-H’roec’h, le roi des obélisques bretons, haut de 22 mètres, mais brisé par la foudre et jonchant de ses débris la lande de Locmariaquer, le Mané-Lud, le Mané-Rutual, le Dol ar Marc’hadourien (Table des Marchands), constellé intérieurement de signes énigmatiques, l’hypogée de Gavrinis, creusée dans un galgal de 100 mètres de circonférence où l’on accède par une allée de menhirs. C’est de nouveau l’impression d’un cimetière de géants qui s’impose, mais doux, accueillant et fleuri, cette fois, comme un campo-santo ombrien ou toscan. Et, plus on monte vers Quimperlé, plus cette impression se précise, plus il semble qu’un miel sauvage se mêle à la rude salure du large. Passé Kerroc’h, la lande est déjà l’exception. À Quimperlé, c’est fini du cauchemar et la Parque bretonne s’est •changée en dryade. Le granit cesse d’affecter des formes d’ifs funéraires ; les collines, naguère immobiles comme des cairns, se délient dans l’air élastique : le ciel rit ; la feuille chante : nous sommes au pays de Brizeux, au pays où l’on n’entend

Qu’eaux vives et ruisseaux et bruyantes rivières.
Des fontaines partout dorment sous les bruyères.
C’est le Scorff tout barré de moulins, de filets ;
L’Ellé plein de saumons, ou son frère l’Izole,
De Scaër à Kemperlé coulant de saule en saule.

La description n’a pas vieilli. Il n’y manque qu’un nom : celui de la Laïta, fille harmonieuse de l’Izole et de l’Ellé, qui sépare administrativement le Morbihan du Finistère. Les noms de ces rivières ont une douceur hellénique ; mais cette région même de Quimperlé n’a-t-elle pas été appelée une Arcadie bretonne ? Quimperlé serait donc une autre Orchomène. Il n’y a qu’une voix du moins, chez les artis-