Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/39

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

La fraisiculture plougastéloise serait-elle un mythe, un bluff, une « galéjade » de ces Marseillais du nord qu’on prétend que sont quelquefois les Bretons ? Je commence sérieusement à me le demander.


II

LE CALVAIRE.


Du moins, le calvaire de Plougastel existe. Et, à la vérité, il est le seul monument artistique de ce gros bourg cossu, mais affreusement banal. L’église même n’a de remarquable que l’énormité de son vaisseau. Elle date de 1870, époque où fut démolie l’ancienne église, trop étroite pour les besoins du culte, mais dont il eût fallu respecter au moins la flèche flamboyante à crochets et un gracieux portail latéral de la Renaissance. Ajoutez qu’elle n’est pas en proportion avec le calvaire, qui en est comme écrasé.

Ce calvaire fut-il élevé, comme le disent Souvestre et Courcy, « par souscription publique, à la suite d’un vœu solennel fait en 1598 pour obtenir la cessation de la peste qui désolait la Cornouaille et le Léon ? » Ou faut-il l’attribuer, comme le veulent Violeau et la tradition locale, à la générosité personnelle d’un gentilhomme de la paroisse, le « sieur » de Kerérault, qui, « atteint du fléau dont il devait périr, aurait demandé à Dieu d’être la dernière victime de la peste, promettant, s’il en était ainsi, de faire ériger un calvaire dans le cimetière de Plougastel » ?[1]

  1. Un Kerérault est cité, sous le nom de sieur de Kergourmarc’h, par le chanoine Moreau (v. plus loin, p.11, en note) et donné pour