comme ils peuvent dans la nef, les hommes à droite, les femmes à gauche. Exception n’est faite que pour le renad et la reneurez, l’un qui conduit la fiancée à l’autel ; l’autre qui remplit le même office près du jeune homme : le renad est généralement le parrain de la fiancée ; la reneurez la marraine de la fiancée. Ils occupent la place d’honneur non seulement à l’église, mais à table ; ce sont eux qui distribuent le gâteau bénit ou kouign : eux encore qui font la quête au milieu du repas. Petite quête indépendante du cadeau de noces ; mais il n’y a pas de petits profils, et c’est ainsi que s’étoffe peu à peu le budget d’un jeune ménage.
Une noce bretonne, fût-ce dans ce pays de cocagne qu’est Plougastel, ne saurait se passer exclusivement en bombances. Les morts n’y sont point oubliés, nous l’avons vu. On boit et on mange, mais on chante aussi, non point seulement au dessert, comme à Paris, dans le peuple, mais entre tous les services, pendant le repas ; chansons bretonnes et chansons françaises alternées. Vaille que vaille, vers dix heures du soir, après le partage du kouign, on se décide à lever la séance et les nouveaux mariés sont reconduits en voiture à leur domicile. Y vont-ils trouver enfin la douce intimité à laquelle ils aspirent ?
Hélas ! le logis est déjà plein d’autres invités des deux sexes, que la garde du ménage, les travaux des champs ou quelque infirmité ont empêché d’assister à l’eured. À tout ce monde-là et aux personnes du cortège, il faut bien offrir une tasse de café et quelques tournées de dourkérès ou de doursivi. Un rite essentiel, d’ailleurs, reste à accomplir : la cérémonie de la soupe au lait et déjà, pour préparer cette soupe symbolique, les deux premières filles