Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/77

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demain pour le compte de la fabrique. Et cette cendre trouve toujours acquéreur, car elle est « sainte » et, comme telle, constitue un amendement de premier ordre. De même les tisons de la Saint-Jean, que se disputent les assistants et qui sont conservés dans les maisons comme amulettes, passent pour écarter les dangers d’incendie. On croit encore, à Plougastel, que pour guérir ou préserver les nouveau-nés du « mal de la peur », il suffit de les balancer trois fois au-dessus de trois tantads ; la flamme de ces mêmes tantads communique à une certaine herbe qu’on y fait chauffer et qui porte le nom d’herbe de Saint-Jean une efficacité souveraine contre les ophtalmies ; enfin, quand le feu commence à s’assoupir, jeunes gens et jeunes filles le traversent d’un bond en récitant un ave, et pensent ainsi s’épargner dans la vie future autant d’années de purgatoire qu’ils ont fait de bonds et récité d’ave par dessus autant de tantads.


VII

LE PAIN ET L’ARBRE DES ÂMES.


La fête des Trépassés prête à deux rites tantôt distincts, tantôt confondus : le rite du bara an anaon ou pain des âmes et le rite du gwezen an anaon ou arbre des âmes.

C’est à mon second voyage en terre plougastéloise que je fis connaissance avec eux. Les Vêpres des Morts venaient de s’achever et je flânais mélancoliquement sur la place, parmi la bigarrure des cor-