Page:Le Goffic - L'Âme bretonne série 4, 1924.djvu/84

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nes d’autres qui, baptisées comme les premières avalo an anaon (pommes des âmes), se débitent au même tarif, soit un et deux sous pièce. Bien entendu, le produit de la vente des fruits, défalcation faite du prix d’achat, est versé au clergé par l’adjudicataire de l’arbre. Quant à l’arbre lui-même, tantôt l’adjudicataire le dépose dans la chapelle de la frairie, tantôt il le garde comme un porte-bonheur dans sa maison jusqu’à la Toussaint suivante, époque où il l’en sort, y pique de nouveaux fruits et le met aux enchères, soit directement, s’il est membre d’une frairie suburbaine, soit par l’intermédiaire du sacristain, s’il appartient à la frairie paroissiale… Mais nous voici rendus, Monsieur : la chapelle de la Fontaine-Blanche est devant vous et là, sur les marches du calvaire, se tiennent côte à côte le vendeur de l’arbre, le vendeur des pommes et le vendeur des pains…

Le soir tombait : ses premières ombres descendaient les pentes du Ménez-Hom, pareilles au glacis d’une forteresse démantelée ; aux brèches du grand plateau dénudé que bastionne le vieux mont quadricorne, des morceaux de mer luisaient sourdement comme des incrustations d’étain : une combe s’ouvrait à nos pieds dans l’éclaircie du feuillage et, de cette combe solitaire, entre la limpide fontaine qui lui a donné son nom et le calvaire signalé par mon guide, se levait le pignon fleuronné de la jolie chapelle en qui les anciennes chartes saluaient la rose du monachisme armoricain, rosa monachorum, et qui était, jusqu’à la Révolution, un prieuré de l’abbaye de Daoulas.

La légende veut qu’à cette même place, jadis, une chapelle plus antique s’érigeât. Comme elle tombait en ruines, on déménagea la statue de la Vierge et on