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Page:Le Goffic - Le Crucifié de Keraliès.djvu/143

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sur la grève de Roscané des gémissements pareils à ceux d’une bête blessée et qu’en prêtant attention ils avaient cru distinguer au pied de la dune une forme blanche, couchée, qui pouvait être Francésa… Thomassin ne respirait plus. Par les landes, les champs, il se lança sur Roscané. Du vaste segment de ciel hivernal qui se découpait sur sa tête s’épanchait une clarté laiteuse ; la grève baignait dans cette lueur diffuse et il put en embrasser l’étendue : elle était vide.

Il cria de toutes ses forces ; il appela Francésa sur la mer et sur la dune ; la mer couvrait sa voix, ou bien Francésa était morte, car il n’y eut pas d’autre bruit que celui d’une bande de courlieux qui prit le large en sifflant.

Il se rejetait vers Landrellec, perdu d’angoisse, les yeux fous, quand il avisa dans la brousse, au pied de Bringuiller, la cahute de la rebouteuse : un filet de lumière filtrait par ses ais disjoints. D’instinct il sentit que la clef du mystère était là. Il y courut. Au bruit de ses pas, la porte s’ouvrit, et il vit la vieille Môn qui le regardait venir, sa résine à la main.

— Francésa ? cria-t-il désespérément.

— Voici ce qui fut Francésa, dit Môn.