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II


Louis Thomassin achevait sa garde quand Salaün, qui l’avait été chercher d’abord à Landrellec, le rencontra.

Les deux frères étaient tout contraste : Salaün, petit, trapu, les épaules larges, la tête énorme, le cuir rêche et noir ; Thomassin, grand, bien pris, avec une jolie tête d’un rose à peine hâlé, des yeux clairs et une barbe blonde qui frisait. De même souche maternelle, il semblait qu’ils fussent étrangers l’un à l’autre. Leur mère, à qui, suivant l’usage breton, on continuait de donner son nom de fille, Anne-Yvonne Barzic, avait épousé, à dix-sept ans, un cultivateur de l’Île-Grande, Évariste Salaün, un plein Breton comme elle, noueux, carré de corps et d’esprit, qui mourut trois mois juste après les noces, la laissant enceinte.

Elle se remaria, deux années plus tard, à un entrepreneur de bordures de pierre, Louis Tho-