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Shopenhauer de premier ordre. Son pessimisme a de la profondeur et de la sincérité. Le style, chez lui, est un curieux mélange de la rude simplicité calviniste et de la recherche des nouvelles écoles ; on voudrait qu’il fût mieux fondu, ou qu’il restât simple, tout uniment, pour être très beau[1].

  1. Depuis, M. Rod a donné un pendant à la Course à la mort. Je renvoie sur ce très beau livre, Le Sens de la vie, à un excellent article de M. Charles Maurras, dans l’Instruction publique du 16 février 1889. Le « pessimiste » de M. Rod finit par trouver le bonheur dans le mariage. Ainsi la vie « prend un sens » pour lui. Soit ! dit M. Maurras, mais adoptez le conseil. Est-il si sûr que le mariage vous guérisse aussi ? « Ce jeune homme se marie ; il aurait pu très bien se faire, précisément à cause de sa misanthropie et de son shopenhauérisme intellectuel, qu’il se refusât obstinément au mariage. Admettons que la nécessité, l’amour — qui est la plus efficace des nécessités — lui ait imposé ces justes noces ; le héros de M. Rod a toujours ce bonheur immense, et peu prévu pour un analyste comme lui, de ne pas rencontrer dans le caractère, dans le tempérament de sa jeune femme, ces antipathies fon-